• Vendredi 29 novembre 2024
• Université de Poitiers
Présentation
“Ce que Dieu a uni, l’homme ne peut le séparer” (Mc 10, 2-16). Dans certaines circonstances l’Église catholique peut néanmoins s’arroger ce droit, en règle générale à la demande de l’un des époux, mais aussi, parfois, de sa propre initiative. Si le droit canon ne reconnaît pas le divorce, il arrive en effet depuis le Moyen Âge, que des représentant·es de l’autorité ecclésiastique s’efforcent de provoquer la séparation de certains couples. On peut penser à l’action menée par le pape Innocent III (1198-1216) pour casser le mariage de Philippe Auguste et d’Agnès de Méranie, le roi étant tenu pour bigame par la papauté ; ou aux couples cléricaux séparés de force au XIIe siècle, quand certaines femmes de prêtres étaient exclues manu militari des enclos cathédraux. L’historiographie a aussi mis en évidence des exemples, plus récents, de mariage ou de concubinage entre personnes de même sexe, que l’Église tente de séparer une fois qu’elles sont découvertes. Le cas d’Elisa et Marcela qui se sont mariées à La Corogne en 1901 a été particulièrement visibilisé en Espagne depuis une dizaine d’année : qualifié dans les sources de « mariage sans homme » (La Voz de Galicia, 10/06/1901), il a été récupéré par les mouvements LGBTQI+ actuels comme « le premier mariage homosexuel » espagnol. Ces unions ont en commun d’avoir été considérées par l’Église comme entrant en contradiction avec le droit canon, la discipline ecclésiastique, la définition du mariage chrétien ou la morale chrétienne.
Une série de travaux menés au cours des trois dernières décennies a permis de mieux connaître, tant pour le Moyen Âge que pour les périodes moderne et contemporaine, les modalités de séparations matrimoniales réalisées à l’initiative des conjoints, leurs motifs, le parcours des intéressé·es devant les tribunaux, et les conséquences de telles séparations d’un point de vue économique, notamment pour les femmes. Cette journée d’études se propose d’aborder un cas de figure plus marginal, et qui n’a guère été envisagé par l’historiographie jusqu’ici : celui des séparations intervenues à l’initiative de l’Église. Nous nous intéresserons ainsi aux « désunions » (séparation de corps, annulation ou reconnaissance de nullité de mariage, obligation de cesser un concubinage) encouragées ou forcées par l’Église, du fait de l’intervention directe d’un·e représentant·e du corps ecclésiastique ou par l’entremise d’un tiers. Les unions amoureuses seront considérées dans leur globalité et sur la longue durée, du XIIe siècle, moment où le mariage est défini comme sacrement et ses règles précisées par l’institution ecclésiale, à l’époque actuelle.
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Marie Walin
✉ marie.walin@univ-poitiers.fr